Alors bon, un gros morceau nous attend !

Nous allons aller droit au but : il y n'a pas de critères qualités normés tels qu'on pourrait les trouver dans la médecine ou la pharmaceutique mais surtout des principes généraux à connaître et du bon sens. Je vous propose de vous présenter ces critères généraux en utilisant plusieurs ETF dont le dernier ETF monde PEA (Plan Epargne Action) de iShares (Blackrock), le iShares MSCI World Swap PEA UCITS ETF EUR (Acc).

Si ce terme d'ETF reste nébuleux pour vous, vous pouvez lire cet article ou regarder cette vidéo où beaucoup de définitions et concepts sont donnés.

Vous avez choisi votre ETF, parfait. Maintenant une question devrait arriver : suis-je en train de faire une bêtise ? Voici les critères généraux à prendre en compte avant tout achat.

Le prix, la disponibilité et les places de marché :
Ce n'est pas une fin en soi mais le prix vous permet de savoir si le produit que vous voulez acheter est compatible avec le budget que vous y allouez tous les mois. Aussi, l'idée est de pouvoir être investi dans les marchés le plus longtemps possible (en lien avec l'autre article de ce mois) et donc de minimiser le reste vis à vis de votre budget mensuel. Dans le cas où l'achat fractionné n'est pas possible, c'est à dire dans le cas où vous ne pouvez acheter que des produits entiers, la question se pose. C'est surtout le cas du PEA. Pour les assurances vie ou le compte titre ordinaire (comme chez Trade Republic ou Interactive Brokers) vous pouvez détenir des fractions de produits.

La disponibilité est en lien avec l'intermédiaire : le courtier par lequel vous passez vos ordres boursiers. L'idée étant de vérifier que le produit est bien disponible chez votre intermédiaire.

Pour les places de marchés, on commence à rentrer dans les critères qualités. En effet, un même produit boursier peut-être vendu à la Bourse de Paris, de Milan, de Londres etc... Le lieu de disponibilité de votre produit à un impact sur les frais de transactions liés à votre courtier et sur la liquidité de votre produit (on aborde cette notion ci-dessous). L'idée étant d'aller ver le produit disponible sur la place de marché qui vous coûtera le moins cher en frais de transaction chez votre courtier et qui a une bonne liquidité. Par exemple, avec Interactive Brokers il est plus cher d'acheter un produit vendu à la Bourse de Paris que ce même produit vendu à la Bourse de New York.

Les frais (expense ratio) :
Voici les informations en image sur le fameux ETF PEA de iShares :

Fiche produit résumée du nouvel ETF monde PEA de iShares (site du produit, Blackrock)

Le coût en frais est le premier point important concernant la qualité. Vous l'avez compris, en tant qu'investisseur nous allons privilégier les produits avec le moins de frais. Aujourd'hui en Europe, de bons frais se trouvent sous les 0,25% d'expense ratio. Entre 0,25% et 0,50% cela reste tolérable, au délà, c'est trop. Les frais correspondent à la rémunération de l'émetteur du produit. Ils sont automatiquement déduis de la performance finale annuelle du produit, vous ne payez rien directement.

Donc on retient, on cherche des produits à moindres frais en dessous de 0,50% et encore mieux sous les 0,25%.

Le montant des actifs sous gestion (AUM) :
L'autre point hautement important est le montant sous gestion pour le produit choisi. L'idée est d'acheter un produit où beaucoup d'argent est géré pour permettre de vendre ou d'acheter ce produit plus aisément. Ceci fait le lien avec les critères de liquidité et de spread. Pour les investisseurs, de manière empirique, un produit rencontre le critère de qualité lorsqu'il y a 500 millions de dollars sous gestion. Cela permet d'avoir indirectement, une bonne liquidité et un spread souvent faible. De mon point de vu, j'utilise le cut-off de 1 milliard sous gestion.

Pour notre ETF PEA, cela n'est pas rencontré, nous avons 16 millions sous gestion.

Donc on retient, chercher des produits avec au moins 500 millions (1 milliard pour moi) d'encours sous gestion.

Le volume / la liquidité :
La liquidité se définit comme la facilité à acheter ou vendre votre produit. Cette notion est très importante à la fois pour la vente et l'achat. Une bonne liquidité vous permet d'acheter ou de vendre rapidement votre produit. Comment s'appécie-t-elle ? Via les volumes ! Regardons de plus prêts les 2 images suivantes, issue de Yahoo Finance avec un ETF sur le luxe (GLUX) et l'action Apple.

Fiche de l'ETF GLUX (luxe mondial), présentée sur Yahoo Finance
Fiche de l'action Apple, présentée sur Yahoo Finance

Le volume représente le nombre de transaction effectués depuis l'ouverture de la journée de Bourse jusqu'à l'instant T. On l'exprime pour la séance en cours ou sur plusieurs séances (volume moyen).

Vous voyez que les volumes moyens (Avg. Volume) pour GLUX sont assez faibles comparativement à Apple où ces derniers sont énormes. Afin d'éliminer le biais créé par le prix (car oui, un produit à 500 000 dollars l'unité aura moins de volume qu'un produit à 10 dollars l'unité) on va multiplier le prix du produit par le volume et voir grossièrement à combien se chiffrent en devises les échanges sur le produit. Pour GLUX on trouve presque 350 000 euros. Pour Apple... Je vous laisse voir, il y a beaucoup de zéros ! Pour être plus précis et moins approximatif dans l'évaluation de ce critère vous pouvez multiplier le prix du produit par les volumes en cours, mais vous n'aurez qu'une appréciation pour la journée en cours. Bon et que fait-on de ce chiffre ? Cela vous permet d'estimer la part de votre investissement par rapport à la masse des échanges en devises. Par exemple, un investissement mensuel de 1 000 euros sur GLUX représente 0,28% de la masse des échanges en devises. Pour Apple, je vous laisse calculer... Comment juger si cela est trop important en pourcentage ? 0,28% c'est petit non ? Le bon sens. Pour GLUX cela signifie que votre investissement représente 1/357eme de la masse des échanges en devises. La moyenne se fait sur 52 séances ici pour le "Avg. Volume". Pour un marché mondial comme la Bourse, 0,28%, cela semble vraiment beaucoup. Si on prend Apple, votre investissement de 1 000 euros représente 0,0000096 % de la masse des échanges en devises, soit 1/10,5Millions de la masse environ. Pas la même échelle.

Pour notre ETF PEA en exemple, les échanges sont faméliques, on retrouve le jour ou j'écris cet article (18 avril 2024) 266 000 en volume moyen pour un prix de 4,89 soit environ 1 390 000 euros en masse d'échanges en devises. Votre investissement de 1 000 euros représente alors 1/1000, c'est trop. Critère non rempli, encore une fois.

Donc on retient, choisir des produits avec une bonne liquidité et assez de volume et de masse d'échanges en devises.

Le spread :
Le spread découle indirectement des conditions de liquidité. Plus la liquidité sera haute, plus le spread sera bas. Et inversement. Le spread est l'écart entre le prix d'achat offert maximum (bid) et le prix de vente demander minimum (ask). En tant qu'investisseur, nous cherchons des produits avec de faibles spreads. Pourquoi ? Car cela correspond à une prime d'achat ou de vente. Lorsque vous voulez acheter ou vendre, c'est le premium que vous allez payer pour acheter ou vendre. Regardons le bid et le ask de notre image exemple avec Apple. Vous avez un bid à 167,52 et un ask à 167,67. Le prix de l'action est à 167,55. Vous avez donc 3 centimes d'écart entre le bid le prix de l'action et 12 centimes d'écart entre le ask et le prix de l'action soit respectivement 0,018% et 0,072%. Qu'est ce que cela signifie ? Si vous voulez acheter vos actions Apple avec un ordre "au marché" vous aller acheter au prix du premier ask donc ici à 167,67. Cela veut dire que vous allez payer un premium de 0,072% par rapport au prix de l'action à l'instant T. Il faudra que celle-ci performe de +0,072% par rapport à votre point d'entrée pour couvrir ces frais. Si vous vendez des actions Apple, vous allez vendre au prix du premier bid donc ici 167,52 soit 0,018% en dessous du prix de l'action à l'instant T. Autant vous dire que ces premium sont négligeables. Comment l'estimer ? Cela reste du bon sens et dépend de la liquidité et de la volatilité du produit. Un spread de 1% sur un produit peu liquide et très volatile (grandes amplitudes de variations), n'est pas la même chose qu'un spread de 1% sur un produit peu liquide et peu volatile. Pour ce dernier produit, cela sera plus compliqué de couvrir ce premium de 1%, cela prendra plus de temps. Il est donc nécessaire de comprendre l'environnement de son produit et on en revient aux basiques : on investi uniquement dans ce que l'on comprend !

Ces données sont fournies soit par Yahoo Finance, lorsque disponibles, et par votre courtier. Elles se trouvent clairement et correspondent à la retranscription de la première ligne du carnet d'ordre d'un produit boursier.

Pour notre ETF PEA, je n'ai pas les données.

Donc on retient, chercher des produits avec spread faible.

Le type de réplication :
On commence par une image d'un ETF, VWRL qui est un ETF monde disponible en cote titre ordinaire. Vous verrez au passage les points des critères qualité évoqués plus haut.

Fiche d'information de l'ETF VWRL, sur le site Just ETF

Il existe la réplication physique, physique par échantillonnage et synthétique. Si possible, choisir des ETF à réplication physique ou physique par échantillonnage. Cela signifie que votre argent est réellement investi dans les produits sous-jacents de l'ETF. La méthode synthétique est très complexe à détailler et fait intervenir au moins 3 intermédiaires. Cela augmente le risque de contrepartie. Tout ceci est expliqué dans la vidéo bourse. En PEA, pour les ETF monde, les produits sont synthétiques, on ne peut pas faire autrement, du fait de la réglementation qui impose de détenir uniquement des produits européens.

Donc on retient, on va plutôt vers des produits à réplication physique ou physique par échantillonnage.

La diversification géographique et sectorielle :
Un bon produit est un produit diversifié. Vous voyez sur notre image que notre ETF monde détient plus de 3 600 sous-jacents (positions). Les sous-jacents de l'ETF sont très diversifiés géographiquement, étant au sein d'un ETF monde. Cette information est trouvable sur les fiches produits uniquement si la réplication est physique ou physique par échantillonnage. En effet, lorsque la réplication est synthétique, l'ETF ne détient aucun sous-jacent.

Pour ce point là, il faut faire appel au bon sens car cela dépend des secteurs. Par exemple, un ETF sur la technologie uniquement aux USA sera certainement bien diversifié sur le nombre de sous-jacent mais mal géographiquement car juste exposé aux USA. La diversification géographique et sectorielle d'un ETF s'apprécie en connaissance du secteur en question. Il y a des secteurs où toute la production est concentrée soit géographiquement soit par quelques entreprises.

Donc on retient, un ETF avec une bonne diversification géographique et sectorielle.

La méthode de distribution :
Pour ce point là, ce n'est pas vraiment un critère qualité mais plutôt un rappel : en France sur le plan fiscal, les ETF capitalisant (accumulation) sont plus intéressants. Cela évite de déclarer les dividendes, de payer l'impôt maintenant et donc d'avoir plus de capital à composer. En effet, un ETF capitalisant va "réinvestir" automatiquement les dividendes dans le produit. Ce n'est pas réellement comme ceci que cela se produit, c'est pour l'image, mais il n'y a pas d'imposition à ce moment. Cette remarque vaut surtout pour le compte titre ordinaire. Il n'y a pas d'imposition des dividendes en Assurance vie ni en PEA : cela vous fait juste un poil de travail en plus en distribution, de réinvestir vous-même ces dividendes mais vu que vous investissez régulièrement, cela ne pose pas de problèmes, vous le faites en même temps que votre investissement mensuel prévu.

Vous l'aurez peut-être remarqué : à aucun moment je ne cite la performance de l'ETF comme étant un critère qualité. En effet, le choix d'un ETF se fait dans un objectif clair d'investissement. Rechercher uniquement les ETF qui performent le plus habituellement mène à perdre dans plus de 90% des cas l'année suivante et dans 100% des cas sur le long terme. Une étude de Morningstar parue en 2017 (gestionnaire d'actif américain très connu dans le monde) expose que seuls 9 fonds en moyenne restent dans le Top 100 l’année suivante. Autant jouer au loto.

Étude de Morning star sur le devenir des fonds les plus performants à l'année n+1

En conclusion, avant de choisir un ETF, assurez-vous que celui-ci réponde bien à un objectif précis et qu'il rencontre à minima les critères qualité généraux recherchés par un investisseur particulier.

A votre analyse !