Introduction : des cycles en perpétuel recommencement
Le marché des cryptomonnaies est réputé pour sa volatilité extrême, mais derrière ces montagnes russes se cache un schéma cyclique relativement reconnaissable. Depuis plus d’une décennie, Bitcoin et les cryptos évoluent par cycles de hausse incroyables suivis de corrections sévères, un rythme déjà observé sur d’autres marchés financiers. Comprendre cette cyclicité, et l’accepter, est importnt pour réussir à long terme dans cet écosystème. Cependant, le cycle actuel semble défier certains des repères historiques. En 2024-2025, le marché crypto donne l’impression d’évoluer différemment : Bitcoin domine la hausse, tandis que l’euphorie généralisée sur les altcoins tarde à se manifester. Le contexte a changé : le secteur a mûri, les investisseurs sont plus prudents et les dynamiques internes ne sont plus tout à fait celles des bull runs passés. Comme le souligne de plus en plus d'analyste en disant : « le marché crypto de 2025 n’est plus celui de 2013 ou même 2017. L’entrée des investisseurs institutionnels a changé la donne… L’euphorie collective a laissé place à une prudence calculée ». Dans cet article, je vous propose un voyage à travers les cycles historiques du marché crypto, tels que je les ai vécus depuis 2013, puis une analyse de l’état du cycle actuel en 2024–2025 et des perspectives pour la suite.
Premiers cycles (2013, 2017, 2021) : bull run, altcoins en folie, puis bear market
2013 : Premier bull run et krach initiatique
Je m’en souviens comme si c’était hier : 2013 a été mon premier bull run majeur du Bitcoin. Le BTC valait à peine 13 $ en janvier et a grimpé jusqu’à environ 1 100 $ en décembre 2013, soit une hausse vertigineuse de plus de 8 300 %. J'avais commencé à m'y interesser vers les 350$. À l’époque, peu d’altcoins existaient, Litecoin et NXT (qui est complètement mort entre temps faisant place à ARDR inconnu pour la majorité aujourd'hui) faisaient partie des quelques alternatives et l’engouement se concentrait surtout sur Bitcoin. Cette ascension fulgurante, nourrie par une prise de conscience grandissante du potentiel des cryptos, a toutefois été suivie d’une chute brutale. Dès début 2014, la bulle a éclaté : le Bitcoin a plongé et entamé un long marché baissier. Au plus bas début 2015, le BTC ne valait plus qu’environ 200 $, enregistrant une correction d’environ 80 % par rapport au sommet. Pour nous, pionniers de l’époque, ce krach a été un choc formateur : nous découvrions pour la première fois la violence des cycles crypto, faits d’euphorie puis de désillusion.
2017 : L’ère de l’altcoin mania
Le bull run de 2017 reste gravé dans les mémoires comme l’un des épisodes les plus spectaculaires du marché crypto. J’ai vu le Bitcoin passer d’environ 1 000 $ en janvier 2017 à près de 20 000 $ en décembre 2017, culminant avec une hausse d’environ 1 900 % sur l’année. Mais ce qui a véritablement défini le cycle 2017, c’est l’explosion des altcoins. Ethereum, lancé quelques années plus tôt, a connu une ascension fulgurante (l’ETH est passé d’environ 8 $ à 1 400 $ sur 2017) porté par la vague des ICO (Initial Coin Offerings). Une tonne de nouveaux tokens ont émergé sur Ethereum et ailleurs, drainant des capitaux massifs. Durant la seconde moitié de 2017, une véritable euphorie altcoin s’est emparée du marché : chaque projet semblait promis à une valorisation stratosphérique, souvent sans réel fondamental derrière. Des crypto-monnaies comme Cardano ou Tron ont vu leur prix s’envoler à la faveur du battage médiatique, au-delà de toute rationalité. Ce schéma était clair pour beaucoup : d’abord Bitcoin mène la danse, puis une rotation s’opère vers les altcoins.
Hélas, comme en 2013, la fête a pris fin brutalement. Début 2018, l’enthousiasme s’est mué en panique. Le Bitcoin s’est effondré jusqu’à 3 200 $ en décembre 2018, perdant environ 84 % de sa valeur par rapport au pic. Les altcoins ont subi un sort encore pire : beaucoup ont chuté de plus de 90 %, révélant la fragilité de nombreux projets purement spéculatifs. Ce bear market de 2018 a fait un grand ménage dans l’écosystème, la majorité des projets lancés durant l’euphorie des ICO ont tout simplement échoué ou disparu.
2020–2021 : Adoption institutionnelle et excès de liquidités
Après un cycle relativement plus calme en 2019, marqué par une reprise timide, la machine s’est emballée de nouveau en 2020–2021. Ce cycle haussier a été propulsé par de nouvelles dynamiques. D’une part, l’adoption institutionnelle a commencé à prendre forme : des entreprises et fonds d’investissement ont annoncé acheter du Bitcoin, légitimant l’idée du BTC comme « or numérique ». D’autre part, l’environnement macroéconomique était inédit en pleine pandémie de covid avec les banques centrales et gouvernements qui ont injecté des trillions de dollars de liquidités dans l’économie. Des taux d’intérêt historiquement bas et des chèques distribués aux particuliers ont créé un terreau exceptionnel pour les actifs risqués. Avec plus de capital disponible et un coût d’opportunité quasi nul, une nouvelle vague d’investisseurs particuliers s’est ruée sur les cryptos en 2020–2021.
Le Bitcoin a ainsi franchi son ancien record et atteint un nouveau sommet historique d’environ 69 000 $ en novembre 2021. Mais ce n’est pas tout : comme en 2017, les altcoins ont connu leur heure de gloire, portés par plusieurs vagues avec des naratifs successifs. D’abord, l’été 2020 a inauguré le phénomène DeFi puis fin 2020 et début 2021, ce fut la folie des NFT et des cryptos de gaming et enfin, au printemps 2021, l’attention s’est portée sur les meme-coins avec l’inénarrable Dogecoin, dopé par les tweets d’Elon Musk, qui a entraîné dans son sillage une prolifération de tokens à têtes de chien. C’était une période d'oeuphorie où n’importe quelle crypto alternative semblait pouvoir multiplier sa valeur par 10 en quelques semaines.
Bien entendu, la frénésie ne pouvait pas durer éternellement. Dès la fin 2021 une mutation de l'environnement économique a inversé la tendance. L’inflation refaisait surface, poussant les banques centrales à resserrer leur politique monétaire, et plusieurs fiascos internes au milieu crypto ont sapé la confiance. L’écosystème Terra-Luna s’est effondré au printemps 2022, vaporisant des dizaines de milliards de valeur, suivi à l’automne par la retentissante faillite de l’exchange FTX. Le marché est ainsi entré dans un nouveau bear market en 2022, Bitcoin retombant aux alentours de 16 000 $ fin 2022 (–75 % depuis le sommet). Beaucoup d’altcoins ont une fois de plus été durement éprouvés, confirmant la règle : "plus la montée est rapide et spéculative, plus la chute est vertigineuse". Ce krach prolongé de 2022 a mis en évidence la nécessité d’une gestion des risques rigoureuse et d’une meilleure diligence sur les projets, une bone dose de rappel que derrière les promesses technologiques, la réalité économique finit toujours par rattraper le marché.
Cycle actuel (2024–2025) : un bull run singulier, centré sur Bitcoin
Après l’hiver crypto de 2022, le marché a repris des couleurs en 2023, puis accéléré en 2024. Comme pour les cycles précédents, le Bitcoin a donné le tempo en menant la reprise. Fin 2023, le BTC avait déjà retracé une part importante de ses pertes en repassant au-dessus des 35 000 $. Puis, l’année 2024 a apporté son lot de catalyseurs : le halving du Bitcoin en avril, l’enthousiasme autour des premiers ETF Bitcoin spot aux États-Unis, et même un contexte politique plus favorable (avec l’élection de dirigeants pro-crypto promettant un soutien accru à l’industrie). En novembre 2024, le Bitcoin a atteint un nouveau record absolu d’environ 100 000 $ (99 830 $ exactement le 22 novembre), dépassant pour la première fois le seuil symbolique des 6 chiffres. La capitalisation boursière du BTC a alors frôlé les 2 000 milliards de dollars, propulsant la capitalisation totale du marché crypto à plus de 3 200 milliards, un nouveau sommet historique également.
Pourtant, ce bull run de 2024–2025 a une saveur bien différente des précédents. Bitcoin s’est taillé la part du lion dans la hausse, tandis que les altcoins, dans leur ensemble, n’ont pas (encore) connu l’emballement généralisé observé en 2017 ou 2021. Concrètement, la dominance de Bitcoin est restée inhabituellement élevée tout au long du cycle actuel. Alors qu’en pleine altseason 2017–2018 la dominance BTC était tombée jusqu’à environ 32 % (Bitcoin ne pesait plus qu’un tiers du marché à l’apogée des ICO), et qu’elle a de nouveau chuté sous 40 % lors de l’euphorie du printemps 2021, elle s’est maintenue autour de 60 % en 2024–2025. Autrement dit, aucune rotation massive des capitaux de Bitcoin vers l’ensemble des altcoins ne s’est produite cette fois-ci. Les données confirment ce ressenti : fin 2024, l’indicateur « Altcoin Season Index » est resté bloqué en zone basse (autour de 25–30), signe d’une Bitcoin season persistante où moins d’un tiers des 50 principales cryptos surperforment Bitcoin. En avril 2025, un rapport de 21Shares notait que « contrairement aux cycles passés, l’“altseason” attendue n’a pas eu lieu cette fois. Bitcoin est resté fort et l’argent n’a pas afflué vers les altcoins comme par le passé ».
Plusieurs facteurs illustrent ce cycle atypique centré sur Bitcoin. Tout d’abord, la performance relative d’Ethereum est restée en retrait. Traditionnellement, l’ETH est le chef de file des altcoins : en 2017 comme en 2021, il avait surperformé Bitcoin sur la phase haussière. Cette fois, Ethereum peine à suivre le rythme. La paire ETH/BTC est en tendance baissière depuis 2022, signe qu’Ethereum gagne moins vite (ou perd plus vite) que Bitcoin sur la période. Début 2025, 1 ETH ne vaut plus qu’environ 0,06 BTC alors qu’il en valait plus de 0,08 BTC à son pic de 2017 et autour de 0,1 BTC lors de la DeFi boom de 2020. Malgré d’importants développements (comme The Merge en 2022, qui a fait passer Ethereum en Proof-of-Stake), l’ETH n’a pas encore enclenché de rallye explosif face à Bitcoin. Il faut dire que, dans le même temps, Bitcoin a bénéficié de catalyseurs spécifiques (engouement institutionnel, perspective d’un ETF, narrative de « réserve de valeur face à l’inflation ») qui ont concentré l’attention sur lui en 2023–2024.
Ensuite, les autres altcoins majeurs n’ont pas reproduit leurs envolées passées. Prenons Solana par exemple : en 2021, Solana figurait parmi les grands gagnants du cycle, culminant vers 260 $ en pleine ferveur autour des smart contracts de nouvelle génération. Mais fin 2022, Solana a subi de plein fouet l’effondrement de FTX (l’un de ses principaux soutiens) et des problèmes techniques de son réseau, faisant chuter son cours sous 10 $. En 2023–2024, Solana a certes rebondi avec le marché (avoisinant de nouveau les 100 $ mi-2024), mais son regain est resté mesuré comparé à 2021. Les investisseurs semblent plus sélectifs : l’optimisme omniprésent qui portait n’importe quel jeton de layer one il y a quelques années a laissé place à une analyse plus fine des fondamentaux et des risques. D’autres altcoins stars de 2017 ou 2021, comme XRP, Cardano, Polkadot ou Avalanche, n’ont pas non plus revisité leurs sommets historiques lors de la poussée de 2024. Globalement, la capitalisation totale des altcoins (toutes cryptos hors Bitcoin) reste en deçà de son record de 2021, même si le total du marché crypto l’a dépassé en 2024. Autrement dit, la hausse actuelle s’est concentrée sur quelques actifs dominants (BTC en tête, possiblement quelques grandes plateformes comme ETH ou BNB dans une moindre mesure), sans effet d’entraînement généralisé sur l’ensemble des altcoins.
Pourquoi ce cycle est différent : facteurs explicatifs
Comment expliquer ce bull run atypique, dominé par Bitcoin, et cette retenue relative sur les altcoins ? Plusieurs facteurs structurels et conjoncturels peuvent être avancés :
- Maturité du marché et arrivée des institutionnels : Le marché crypto de 2025 est bien plus mature que celui de 2017. L’entrée des investisseurs institutionnels a apporté davantage de stabilité et de discipline. Contrairement aux particuliers, ces acteurs privilégient Bitcoin, l’actif le plus sûr et le plus liquide, au détriment des petites cryptos exotiques. Ils utilisent aussi des produits dérivés comme des futures, options ou ETF qui tendent à lisser la volatilité du BTC. L’impact ? Des cycles peut-être moins explosifs mais plus durables, avec un focus sur le haut du panier des crypto-actifs. Comme l’a noté Sandeep Nailwal (cofondateur de Polygon), « les corrections de marché sont devenues moins brutales » (–30 à –40 % typiquement, contre –80 % auparavant) et « les bull markets sont plus longs mais moins violents », en partie grâce à la présence d’institutionnels. Ces investisseurs apportent des capitaux considérables vers Bitcoin (via les ETF spot drainant plus d’1 milliard $ par semaine récemment) et se montrent plus sélectifs sur les altcoins, ce qui freine la rotation traditionnelle.
- Évolution de la réglementation : Le cadre réglementaire des cryptomonnaies est en pleine mutation. D’un côté, l’incertitude juridique a refroidi l’enthousiasme pour de nombreux altcoins assimilés à des securities (titres financiers) par la SEC aux USA. Les poursuites contre certaines plateformes en 2023 ont d’ailleurs entraîné la radiation de tokens populaires sur plusieurs exchanges régulés, limitant l’accessibilité des alt pour les investisseurs américains. Cette pression réglementaire a pu détourner des capitaux des altcoins vers Bitcoin, que les régulateurs considèrent généralement à part (comme une commodity, non concernée par ces actions). D’un autre côté, l’harmonisation réglementaire progresse ailleurs : l’Europe a adopté MiCA et des discussions ont lieu aux USA pour définir de nouvelles règles. Des signaux positifs émergent avec la possibilité d’ETF sur certaines altcoins (Ethereum, Solana, etc.) gagne du terrain à mesure que la réglementation s’affine. Néanmoins, en 2024, l’effet net reste une attitude attentiste. Tant que le brouillard réglementaire n’est pas dissipé, de gros investisseurs évitent de s’exposer fortement aux altcoins plus risqués. On peut penser que la clarté réglementaire à venir (par exemple, un nouveau président de la SEC plus favorable aux crypto, comme évoqué aux États-Unis) pourrait à terme raviver l’intérêt pour les altcoins, mais pour l’instant la prudence domine.
- Contexte macroéconomique défavorable : Contrairement au cycle 2020–2021 où les conditions macro étaient ultra-accommodantes (taux zéro, liquidités abondantes), le cycle actuel s’inscrit dans un environnement bien plus contraint. Les taux d’intérêt élevés imposés par les banques centrales pour juguler l’inflation ont renchéri le coût de l’argent et asséché la prise de risque. Les investisseurs ont moins de capital à allouer à des paris spéculatifs, ce qui pénalise en premier lieu les petites capitalisations crypto. De plus, la crainte d’une récession plane, incitant les opérateurs à privilégier les actifs les plus robustes (d’où le statut de valeur refuge du Bitcoin qui s’est renforcé). Cette résilience du BTC dans un contexte difficile s’est faite en sacrifiant la folie spéculative sur les altcoins, le marché actuel est plus sérieux, moins propice aux rallyes anarchiques de tokens secondaires.
- Absence de nouvelles narratives fédératrices : Les précédentes altseasons ont toutes été alimentées par des tendances porteuses qui ont captivé l’imagination collective (les ICO en 2017, DeFi/NFT en 2020–2021, etc.). En 2024, aucun récit technologique ou usage émergent n’a encore réussi à galvaniser l’ensemble du marché des altcoins. Certes, on a vu passer des engouements ponctuels (metaverse, move-to-earn, AI, etc.), mais rien qui ne s’approche de l’ampleur de la DeFi Summer ou de la fièvre des NFT. Par ailleurs, Ethereum n’est plus l’unique terrain de jeu pour innover : Solana, Polygon, Arbitrum, et d’autres plateformes attirent aussi les développeurs. Cette fragmentation de l’innovation dilue l’attention et la liquidité. Au lieu d’un raz-de-marée concentré sur quelques écosystèmes comme par le passé, on observe des vagues sur de multiples fronts. Conséquence : pas de bulle synchronisée sur l’ensemble des altcoins, mais plutôt des mini-bull runs sectoriels qui peinent à enclencher un mouvement global.
- Surabondance de nouveaux tokens et essoufflement de la demande : Un élément souvent sous-estimé est la prolifération exponentielle du nombre de cryptomonnaies en circulation. Il est devenu extrêmement facile de créer son token (des plateformes comme pump.fun sur Solana permettent même de le faire en quelques clics). Résultat, le marché est inondé de projets. Pour donner un ordre de grandeur : lors du bull run de 2017, on recensait environ 13 000 tokens en tout ; en 2021, ce chiffre était monté à 2,6 millions, et aujourd’hui il dépasserait les 42 millions! C’est ahurissant : en quelques années le vivier d’altcoins a été multiplié de façon quasi exponentielle. Une telle offre pléthorique disperse mécaniquement l’attention et le capital des investisseurs. Se faire remarquer devient un défi pour les nouveaux projets, et même les projets légitimes souffrent d’un déficit d’attention dans ce brouhaha généralisé. Parallèlement, la demande ne suit plus : l’appétit des investisseurs pour les nouveaux tokens s’est contracté après les désillusions de 2022. Beaucoup de particuliers échaudés ne veulent plus servir de liquidity exit aux équipes fondatrices et fonds VC. D’ailleurs, les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur l’année 2025 en cours, environ 15 milliards de dollars de tokens ont été libérés (via des vesting d’investisseurs précoces, airdrops, etc.), et on en attend 20 milliards supplémentaires d’ici fin 2025 – soit trois fois plus qu’en 2022. Cette inondation d’offre noie le marché sous une pression vendeuse constante, alors que la liquidité disponible du côté des acheteurs est limitée. À l’inverse des cycles précédents où l’enthousiasme des petits porteurs pouvait tout absorber, le marché actuel manque de fuel pour propulser l’ensemble des alt vers de nouveaux sommets.
En résumé, un ensemble de facteurs convergents via un marché plus mûr et institutionnalisé, un cadre réglementaire incertain, des conditions macro serrées, des innovations dispersées et une offre pléthorique de tokens ont conduits à un cycle 2024–2025 particulier, où Bitcoin règne en maître pendant que la majorité des altcoins font du surplace (ou montent beaucoup plus modestement). L’absence d’altseason jusqu’à présent n’est donc pas le fruit du hasard, mais le reflet d’un marché crypto en évolution, peut-être à l’aube d’une nouvelle dynamique plus sélective.
Et pour la suite ? Scénarios possibles
L’histoire des cycles crypto nous a appris à rester humble en matière de prédictions. Par contre, à partir des tendances actuelles, on peut esquisser plusieurs scénarios pour les prochains mois et années :
Première possibilité, Bitcoin conserve durablement sa dominance : dans ce scénario, le paradigme actuel se prolonge. Bitcoin, fort de son statut institutionnel et de ses récents atouts (ETF, adoption comme réserve de valeur, etc.), continuerait de dominer le marché. Son emprise pourrait même s’accentuer si l’intérêt pour les altcoins reste modéré. Certains analystes estiment ainsi que la dominance du BTC pourrait grimper jusqu’à ~70 % avant qu’une véritable altseason ne refasse surface. Si ce cas de figure se réalise, on assisterait à un marché crypto polarisé, presque bitcoinocentrique, où les opportunités sur les altcoins seraient plus sporadiques et ciblées. Pour les investisseurs, cela impliquerait de prioriser le Bitcoin et quelques grandes capitalisations solides, en misant sur la poursuite d’un bull run « atypique » centré sur les actifs les plus sûrs.
Deuxième possibilité, une rotation tardive vers les altcoins : un autre scénario envisage que l’altseason n’est pas annulée mais simplement retardée. L’histoire ne se répète pas forcément, mais comme on dit, elle rime souvent. Il est possible qu’après la phase d’euphorie sur Bitcoin, les altcoins finissent par connaître leur emballement, peut-être dans un second temps. On peut imaginer, par exemple, que si le Bitcoin se stabilise pendant plusieurs semaines autour d’un plateau élevé (disons 100 000–120 000 $), les investisseurs en quête de rendement se tournent alors vers d’autres cryptos sous-évaluées. Quelques signes récents vont dans ce sens : en mai 2025, alors que le BTC marquait une pause après un nouvel ATH, Ethereum a surperformé en bondissant de +47 % sur le mois, contre seulement +9 % pour Bitcoin. De même, la dominance BTC a légèrement reflué (de 65 % à 62 % fin mai). Ces indicateurs pourraient annoncer le début d’une rotation. Si ce scénario se concrétise, on assisterait à un rattrapage des altcoins dans la foulée du bull run Bitcoin, potentiellement sur fin 2025. Les secteurs susceptibles de mener la danse pourraient être ceux qui ont accumulé du retard mais conservent de solides fondamentaux (par ex. certaines plateformes de smart contracts, ou des projets de finance décentralisée générant des revenus). Bien sûr, une altseason tardive pourrait être plus brève et sélective que celles du passé, mais elle offrirait malgré tout des opportunités significatives pour qui saura les saisir au bon moment.
Une autre possibilité est que de nouveaux paradigmes de marché arrivent. Peut être sommes nous en train de sortir du schéma classique des cycles à 4 ans. Le marché crypto, en grandissant et en se financiarisant, pourrait adopter un comportement plus proche des marchés traditionnels, avec des cycles plus longs, moins lisibles, et des rotations sectorielles au lieu de mouvements homogènes. Dans ce scénario, le concept même d’altseason généralisée pourrait appartenir au passé. À la place, on aurait en permanence des mini-cycles asynchrones selon les catégories d’actifs : aujourd’hui les protocoles de staking, demain les tokens liés aux jeux vidéo, etc., en fonction des innovations et des news du moment. De plus, la corrélation aux facteurs externes (macro, réglementation) irait en s’accentuant, rendant les retournements plus difficiles à prédire. Certains vétérans avancent que « le cycle n’est pas mort, il est simplement devenu plus flou ». Cela impliquerait pour les investisseurs une adaptation de la stratégie : fini le pilotage automatique en attendant le bull run puis l’altseason, il faudrait scruter en permanence les signaux du marché, identifier les secteurs en émergence et arbitrer plus finement son allocation. Un nouveau paradigme pourrait aussi signifier des corrections moins violentes (plus de -90 % généralisé) mais également des hausses moins exponentielles. En somme un marché qui se rationalise graduellement. Bien sûr, même dans ce nouveau contexte, les innovations majeures (ex : une percée technologique, une adoption massive d’une application crypto) pourraient recréer ponctuellement des engouements comparables aux altseasons d’antan, mais ils seraient plus difficiles à anticiper.
En conclusion
En conclusion, le marché crypto continue d’évoluer et de surprendre même les plus aguerris. Ce cycle 2024–2025, vécu à travers mon regard de passionné présent depuis 2013, montre à quel point l’écosystème a gagné en maturité, parfois au prix d’une moindre folie spéculative, ce qui n’est pas forcément un mal. L’histoire n’est jamais écrite d’avance : une réglementation plus clémente ou un afflux de liquidités (par exemple si les banques centrales redevenaient accommodantes) pourrait rallumer la flamme des altcoins plus vite qu’on ne le pense. À l’inverse, des accidents ou un resserrement monétaire prolongé pourraient continuer de canaliser l’argent vers Bitcoin essentiellement. Quoi qu’il en soit, retenons la leçon des cycles passés : il est essentiel de rester vigilant et de penser long terme. Les cycles haussiers font les fortunes de ceux qui savent en profiter, mais les cycles baissiers rendent la pareille à ceux qui n’y sont pas préparés. En 2025 plus que jamais, la clé est d’ajuster ses repères à un marché en mutation : diversifier, gérer son risque, et garder un œil sur les tendances de fond sans se laisser aveugler par l’euphorie ou la peur du moment. Le marché crypto change, mais pour les convaincus comme moi, l’important est de rester sur le chemin sur le long terme, car au-delà des cycles, l’innovation portée par cette révolution financière et technologique continue d’avancer. Rendez-vous dans quelques années pour faire le bilan du cycle actuel et vivre un nouveau chapitre de cette histoire sans fin qu’est le monde des cryptomonnaies.