Prenons en exemple le Dr Murphy de la série Good Doctor (go regarder !). Ce dernier souffre d'un trouble du spectre de l'autisme. Dans son exercice quotidien, il peine avec l'empathie. Mais sa vision factuelle compense ceci. Il ne fonde pas ses décisions chirurgicales sur les sentiments ou les rêves des gens. Il les fonde sur les symptômes, la science et les faits.

C'est pourquoi le Dr Murphy pourrait être le guide parfait d'un (futur) retraité pour un marché baissier.

Bien sûr, il est difficile de voir la valeur de votre compte diminuer. En effet, du 1er janvier au 31 octobre 2022, les actions mondiales ont chuté de 22,34 %. Les portefeuilles mondiaux 60-40 (60% ETF actions monde et 40% ETF obligations monde) ont eux baissé de 19.34%

Les médias, comme toujours, relaient des "avis d'experts" qui sont recherchés pour nous faire paniquer au lieu de nous apaiser avec des faits. La panique fait parler et est vendeuse.


Tous les jours depuis le début de la baisse, nous entendons : "Cette fois-ci, c'est différent !"

Mais après avoir pratiqué et étudié l'histoire du marché pendant 10 ans (et je continue !), je vais m'avancer et je peux vous dire avec certitude que chaque fois est différente. Chaque Krach, chaque baisse dans l'histoire de la finance sont différents. Et, c'est ce qui fait que tout est pareil. Le Dr Murphy serait d'accord.

La première leçon intemporelle est de ne pas vendre sous l'effet de la panique ("panic sell" dans le jargon). Lorsque les actions et les obligations récupèrent, ces vendeurs restent sur le carreau. Généralement, ils finissent par racheter à un prix plus élevé que le niveau auquel ils ont vendu. C'est la psychologie de l'investisseur.

Mais parce que les retraités vendent des parties de leur portefeuille pour couvrir les frais courants, ils doivent s'en tenir à un plan de retrait basé sur des études et des faits. Le guide de 4 % est un excellent point de départ.

Rétrospectivement jusqu'en 1926, si vous aviez un portefeuille diversifié composé à 60 % d'actions américaines et à 40 % d'obligations américaines, vous auriez pu retirer 4 % (de votre capital investi) indexés à l'inflation par an et ne pas manquer d'argent pendant au moins 30 ans.

Par exemple, les pires années pour prendre sa retraite auraient été 1929, 1965, 1973, 2000 et 2008. Cela correspond bien aux plus grosses années de krach.

De 1929 à 1932, les actions américaines ont chuté de 87 %. Cela aurait transformé 10 000 $ en 1 300 $ après trois ans de terreur.

Que diriez-vous de 1965? Presque idem. Cela aurait été une autre année horrible pour prendre sa retraite. Le Dow Jones (plus gros indice américain) n'a dépassé ce niveau qu'en 1982. Les investisseurs ont reçu des dividendes, oui, mais ces cours boursiers ont duré 17 ans en stagnant.

Puis il y a eu 1973-1974. Les actions américaines et mondiales ont chuté de près de 50 %.

Pour ajouter à la douleur d'un retraité, l'inflation a grimpé en flèche, restant proche (ou au-dessus !) des niveaux à deux chiffres pendant une grande partie de la fin des années 1970 et du début des années 1980.

En 2000, les actions américaines ont entamé une baisse de près de trois ans, plongeant de 45 % du sommet au nadir.

De plus, 10 000 dollars d'actions américaines en janvier 2000 valaient un peu moins que cela, dix ans plus tard. Il s'agit d'une des pires périodes de stagnation boursière.

En 2008, la crise financière mondiale a contraint bon nombre des plus grandes entreprises à la faillite par effet domino.

J'étais en terminale et je me souviens que les marchés grimpaient ou baissaient de 10 % en une seule séance. Normal pour les cryptos de nos jours mais totalement anormal à l'époque sur un marché aussi dense que la bourse ! Du sommet au nadir, les actions américaines ont chuté d'environ 52 %, atteignant un point bas en mars 2009. Beaucoup de retraités ont paniqué. Mais s'ils étaient restés calmes et avaient retiré 4% indexés à l'inflation d'un portefeuille diversifié, quiconque aurait pris sa retraite en 1929, 1965 ou 1973 aurait encore de l'argent après 30 ans.

Bien que 30 ans ne se soient pas écoulés depuis 2000 ou 2008, toute personne prenant sa retraite au cours de l'une ou l'autre de ces années aurait plus d'argent aujourd'hui qu'au moment de sa prise de retraite.

Chacune des raisons de marché baissier en 1929, 1965, 1973, 2000 et 2008 était différente.

Chacun de ces moments a présenté quelque chose qui ne s'était jamais produit économiquement auparavant.

Cela nous amène à 2022. Jusqu'à présent, les portefeuilles diversifiés d'actions et d'obligations n'ont rien à voir avec les plongeons cauchemardesques qui ont suivi 1929, 1973, 2000 ou 2008.

L'inflation n'a pas non plus approché les niveaux des années 1970 (inflation d'environ de plus de 13% en France et dans le monde avec un pic en 1974).

Pourtant, toute personne prenant sa retraite au début de l'un de ces plongeons aurait été très bien… Si elle avait suivi la règle de retrait de 4% comme guide.

Oui, cette fois c'est différent. Chaque fois est différente.

Mais le Dr Murphy ne serait pas affecté par la peur ou la cupidité. S'il prenait sa retraite cette année, il commencerait à retirer 4 % indexés à l'inflation.

Prenons en exemple l'un des pires moments de l'histoire pour prendre sa retraite : 1973. Supposons que quelqu'un prenne sa retraite avec 100 000 $. Le portefeuille comprend 60 % d'actions américaines et 40 % d'obligations américaines. L'investisseur a retiré 4 % au cours de la première année de sa retraite (4 000 $). Au 31 décembre 1974, le portefeuille aurait plongé de près de 31 %, à 69 117 $. Le Dr Murphy n'aurait pas attaché de sentiments aux mouvements du marché. Il se serait tenu à un plan basé sur la science. Au cours de la deuxième année de sa retraite (1974), il aurait retiré plus de 4 000 $… pour couvrir l'augmentation du coût de la vie. Cette année-là, il aurait ignoré les médias, la valeur de son portefeuille en chute libre et retiré 4 348 $. En 1975, il aurait retiré 4 885 $. C'est parce que le coût de la vie a augmenté de 12,85 % en 1974. Après avoir maintenu cela pendant 30 ans, le Dr Murphy aurait retiré un total de 332 321 $ de son portefeuille initial de 100 000 $.

Oui, vous avez bien lu. Il aurait retiré plus que ce qu'il n'avait initialement lors de sa mise en retraite. En 2003, son portefeuille aurait valu 230 416 $. C'est plus d'argent qu'il n'en aurait eu lors de sa première retraite.

La règle des 4 % a été backtestée à l'aide d'actions et d'obligations américaines. Malgré leurs hauts et leurs bas souvent terrifiants au cours des 100 dernières années, ces actifs ont bien performé. Les actifs mondiaux se sont également bien comportés. Mais retirer 4 % indexés de l'inflation d'un portefeuille d'actions et d'obligations mondiales n'aurait pas fonctionné pendant chaque période glissante de 30 ans (les simulations de Monte-Carlo donnent 91% de succès à 30 ans).

Le Dr Murphy le savait. Il savait également que les rendements boursiers étaient imprévisibles. Personne ne sait quels marchés fonctionneront le mieux à l'avenir, ce pourquoi le Dr Murphy les possède tous.

Et, comme un évènement imprévu pendant une chirurgie, le Dr Murphy aurait un plan pour parer aux moments où les choses iraient mal. Il aurait retiré moins pendant les années où son portefeuille aurait chuté. Par exemple, si un retraité a retiré 50 000 $ l'année dernière et que son portefeuille a chuté en 2022, il pourrait se serrer la ceinture et retirer 10% de moins cette année, soit 45 000 $. Cela augmenterait les chances que l'argent dure 30 ans. Après que le portefeuille eut quelques bonnes années, quelqu'un comme le Dr Murphy aurait augmenté ses retraits, probablement sur la base d'une stratégie que nous verrons dans un autre article le mois prochain.

C'est simple. C'est mécanique. C'est objectif. Malheureusement, trop de retraités paniquent lorsque les marchés chutent. Ils changent leurs allocations ou ils vendent tout. Au lieu de cela, lorsqu'il s'agit d'investir, les retraités devraient méconnaître et ignorer leurs émotions, comme le Dr Murphy.